À propos

Créé initialement en novembre 2007 par cinq professeur.es du Département d'information et de communication de l'Université Laval à Québec, le Groupe de recherche en communication politique (GRCP) est devenu une équipe interdisciplinaire et interuniversitaire composée en 2023 de 21 chercheur.es de l’Université Laval, de l’Université de Montréal, de l’UQAM, de l'UQTR, de l'INRS, de l'Université de Sherbrooke, de l'Université Bishop's, de l'Université Concordia, de l'ÉNAP et de la Téluq dont les travaux portent sur l’examen de phénomènes liés à la médiatisation du politique. Les activités du GRCP sont dirigées par Thierry Giasson, professeur titulaire au Département de science politique de l’Université Laval.

Par la formation diversifiée de ses membres (science politique, communication, linguistique, psychologie, informatique) et la profondeur de sa programmation de recherche, les travaux menés au GRCP répondent à trois principes qui guident la production scientifique contemporaine en communication politique: l'interdisciplinarité, la complémentarité méthodologique et l'approche comparative.

Notre équipe regroupe également plus de soixante étudiant.es-chercheur.es et stagiaires postdoctoraux qui participent au développement de la recherche en communication politique. Nos étudiant.es travaillent au sein du laboratoire principal du GRCP situé à l’Université Laval, de même qu’aux laboratoires satellites de l’UQTR et de l’UQAM.

Le GRCP développe une recherche ambitieuse et cohérente qui conçoit la médiatisation de la politique dans la globalité de son exercice, de sa production à sa réception, en envisageant toutes les variables susceptibles d’en expliquer l’état et les transformations. Le GRCP a obtenu quatre cycles de financement du programme de soutien aux équipes de recherche du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (2010-2012, équipes en émergence; 2014-2018, équipes en fonctionnement; 2018-2022, équipes en renouvellement; 2022-2026, équipe en fonctionnement).

Axes de recherche

Afin de répondre au double objectif d’approfondissement du savoir scientifique et du développement de la formation en recherche au Québec, la programmation de recherche du Groupe de recherche en communication politique s’organise autour du concept de médiatisation du politique.

La médiatisation désigne les transformations sociales et culturelles induites par les technologies et les organisations communément appelées «médias», à travers les relations que les individus et les institutions entretiennent entre eux et avec leur environnement. Ces transformations se caractérisent par une dualité : elles se manifestent simultanément par l’intégration des médias au fonctionnement des institutions sociales, de même que par leur développement en tant qu’institution sociale autonome et animée d'une «logique» propre de fonctionnement. Ainsi, l’activité sociale serait plus dépendante qu’autrefois des médias et de leur mode de fonctionnement. Le concept de médiatisation du politique désigne l’ensemble des transformations générées par les médias dans les relations entre les acteurs (citoyens, partisans, personnalités publiques, organisations (non) gouvernementales) et les institutions politiques.

Les projets de recherche menés au GRCP sur la médiatisation du politique se déclinent en trois axes qui permettent d’affiner la compréhension de cette réalité, tant d’un point de vue théorique qu’empirique.

Axe 1 : Les transformations de la médiatisation du politique

Ce premier axe se consacre à l’étude des transformations de la médiatisation du politique, dans un contexte de changements médiatiques accélérés, de reconfiguration des écosystèmes médiatiques, et d’affirmation du rôle des plateformes numériques commerciales dans la circulation de l’information politique. Durant le dernier cycle de financement 2018-2022, nous avons assisté à une accélération de certaines dynamiques qu’il semble important d’étudier afin d’en comprendre les ramifications et les impacts sur les mouvements sociétaux et démocratiques. Ces transformations sont marquées notamment par des dynamiques de personnalisation, de spectacularisation, et d’intimidation, jouant sur des registres psychoaffectifs et identitaires (Collingnon et Rüdig 2020; Lalancette et Raynauld 2020). Elles font également état d’une « audiencization » (Schroder 2019), où les publics sont étudiés de manière granulaire, et d’une plateformisation marquées par la communication directe avec des publics, le contournement des médias traditionnels et l’emploi de stratégies favorisant le partage à grande échelle au sein des environnements numériques (van Dijck et al. 2018). Enfin, les transformations de la médiatisation du politique sont étroitement associées à la communication algorithmique et à l’utilisation de données massives par les acteurs de la médiatisation du politique (Stromer-Galley 2019; Theviot 2019; Woolley et Howard 2018).

Cet axe se consacre spécifiquement à l’analyse détaillée des transformations de la médiatisation du politique, qu'elle présente, définit et caractérise, tout en étudiant les manières avec lesquelles celles-ci modifient les pratiques de médiatisation du politique. Ce nouvel axe regroupe 6 projets sur lesquels les cochercheurs travailleront au cours du prochain financement. Brin pilote en collaboration avec Giasson, Landry et Mahéo une étude expérimentale sur la désinformation chez les jeunes adultes. Dufresne continuera son chantier sur l’acceptabilité sociale de l’intelligence artificielle et des données massives. Le doctorant Dubois (boursier FRQSC, ULaval) étudie comment le ciblage de la communication auprès des électeurs intervient dans les campagnes municipales québécoises. La stagiaire postdoctorale Reetz (boursière FRQSC, UQAM), poursuit ses recherches sur les processus de normalisation fasciste dans le discours populiste contemporain.

Axe 2 : Les acteurs de la médiatisation du politique

Le second axe de la programmation propose de s’éloigner de la notion de « publics » employée lors du dernier cycle de financement afin de s’intéresser plus largement aux acteurs. Le passage à la notion « d’acteurs » permet une focale sur le caractère actif, dynamique, et multidimensionnel de la médiatisation du politique et de situer les différents intervenants dans des « rôles » et fonctions qui alternent notamment entre la réception, la production et la diffusion d’information. Ceux-ci regroupent principalement les acteurs politiques institutionnels (gouvernements, partis politiques et leurs membres, groupes d’intérêt), les citoyens (fréquemment réunis en groupes et en associations), et les acteurs médiatiques, c’est-à-dire les individus et les institutions qui colligent, mettent en scène, commentent et diffusent l’information politique sur diverses plateformes (Boulianne et al. 2020; Boulianne et Larsson 2021; Dubois et al. à paraître; Lalancette et al. 2019; Penney 2017).

Cet axe se consacre à l’étude et à l’analyse des caractéristiques (structure interne, mode organisationnel, composition du membership, priorités politiques) des acteurs qui influencent l'environnement ou le champ politiques, et aux relations communicationnelles que ces acteurs entretiennent entre eux. Cette perspective interroge également les ressources, les compétences et les savoirs dont disposent les divers acteurs, notamment en matière de jugement critique, d’évaluation de l’information, et de maîtrise technique des médias numériques, dans un contexte marqué par la multiplication des voix, des stratégies et des espaces de communication politique (Giasson et al. 2019; Gibson 2020; Grusell et Nord 2020; Montigny et al. 2019; Theviot 2019). Huit projets de recherche seront menés au sein de cet axe. Giasson poursuit sa collaboration avec Lupien (Brock) d’un partenariat auprès d’organisation de femmes autochtones des Amériques désireuses de développer des actions numériques de représentation politique. Daignault continue ses recherches sur les campagnes de communication climatique. Lalancette et Yates développent leur chantier sur la communication citoyenne numérique lors de controverses sociales. Les recherches doctorales de Castel (UQAM) sur les dynamiques d’acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique et celles de Sullivan (boursière FRQSC, UdeM) sur les usages que font les maires et mairesses du Canada des médias socionumériques contribueront aussi au développement du savoir sur cet axe.

Axe 3 : Les pratiques de médiatisation du politique

Le troisième axe de la programmation procède à l’étude des pratiques de médiatisation du politique. Deux dimensions sont constitutives de cet axe : les pratiques médiatiques et les pratiques discursives employées par les acteurs de la médiatisation du politique dans leurs activités de communication. Par « pratiques médiatiques », il est entendu les usages délibérés et répétés de médias traditionnels ou numériques afin de produire, de modifier, de diffuser, et de contrôler des informations, de les partager auprès de divers publics, ainsi que les activités de mise en visibilité d’acteurs, d’enjeux et de thèmes dans des médias de masse grand public (Marland 2016, 2020; Giasson et al. 2019; Giasson et al. 2018; Giasson et Dubois 2019). Les « pratiques discursives » regroupent quant à elles les performances, les rhétoriques et les activités de mise en scène employées par les acteurs afin de convaincre, de séduire, de mobiliser des appuis et des publics, d’affaiblir des adversaires, et d’occuper l’espace médiatique (Lalancette et Raynauld 2020; Penney 2017; Turbide 2019).

Cet axe porte sur l’analyse des processus collaboratifs, compétitifs et conflictuels par lesquels les acteurs du politique, mobilisant diverses pratiques médiatiques et discursives, s’emploient à mettre à l’ordre du jour public et à définir en leurs propres termes d’autres acteurs ou des enjeux sociopolitiques particuliers. Il fait état du caractère « construit », du cadrage, de phénomènes sociopolitiques présentés par des acteurs comme des « problèmes » appelant à l’action politique, distribuant les blâmes et les responsabilités, et proposant des actions présentées comme des solutions adéquates (de Vreese 2005; Entman 1993, 2004, 2013; Giasson et Dubois 2019; Lemarier-Saulnier 2016). Enfin, il positionne l’usage de médias numériques, ou encore l’instrumentalisation des institutions médiatiques grand public, dans le cadre de répertoires dont peuvent se saisir les acteurs dans leurs activités de médiatisation politique. Quinze projets seront menés par les chercheurs de l’équipe dans cet axe. Par exemple, Turbide et Yates poursuivent leurs travaux sur les représentations des relations publiques dans les médias d’information. Lalancette et Gosselin mènent des travaux sur la rhétorique morale dans la couverture médiatique des scandales politiques. Landry approfondira ses travaux sur les représentations médiatiques de l’assistance sociale au Québec. La recherche doctorale de Dupont (boursière FRQSC, UdeM) sur la médiatisation des questions de genre et celle de Beaumier (ULaval) sur le recours stratégique aux mythes populistes dans le discours politique s’inscrivent dans cet axe.