Entrevue tenue dans le cadre de la parution du collectif Médiatisation de la politique. Logiques et pratiques avec la co-directrice Mireille Lalancette et le co-directeur Frédérick Bastien.
Pre Mireille Lalancette : ML (Université du Québec à Trois-Rivières)
Pr Frédérick Bastien : FB (Université de Montréal)
Auteur et édition de l'entrevue : Christopher Beaulieu (Université Laval)
Remerciements à Pre Colette Brin (Université Laval) pour une révision des questions avant l’entrevue.
Q1. Après avoir colligé nombre d’informations nouvelles et mises à jour concernant la médiatisation de la politique, quel constat dominant émerge à votre point de vue ? Quel sujet prévaut dans votre pensée lorsque vous songez à toutes les propositions qui découlent de votre ouvrage collectif ?
ML : A priori, c’est la richesse du concept de médiatisation de la politique pour étudier les processus de transformation de l’espace public, de l’espace médiatique et médiatico-politique et la possibilité de ce concept-là de se décliner sur une variété de terrains. Dans le cas du livre, on a étudié les logiques et les pratiques, mais ça nous permet aussi d’étudier des promesses électorales au marketing social, en passant par la médiatisation genrée de la politique, au concept de cadrage, jusqu’à la pipolisation de la politique. Donc la richesse du concept, le fait qu’on ait pu l’opérationnaliser : ce que l’on a vu, quand on effectuait des recherches, c’est que beaucoup de gens avaient théorisé le concept, mais il manquait d’ancrages empiriques. Donc le livre offre quatorze chapitres empiriques permettant d’offrir une variété de regards sur la médiatisation de la politique qui vont être utiles pour une variété de chercheurEs, autant ici qu’en Europe.
FB : Je pense qu’un élément qui peut se dégager du livre aussi est que, lorsque l’on parle de la médiatisation de la politique ou, en d’autres termes, lorsque l’on parle des relations de pouvoir ou d’influence qu’il peut y avoir entre le champ des médias et le champ de la politique, on est face à un phénomène beaucoup plus large et complexe que celui auquel on peut s’attendre a priori. Par exemple, lorsque l’on parle des « médias », c’est un terme très large ! Ça inclut, bien sûr, les médias d’information, qui sont en grande partie sous la responsabilité éditoriale de journalistes et produits par des entreprises de presse. On parle aussi de médias numériques : catégorie dans laquelle entrent les sites Web, les bases de données et les plateformes socionumériques, qui sont sous la responsabilité d’autres types d’acteurs et d’actrices que des journalistes. Même dans les médias de masse traditionnels, en-dehors des émissions d’information, y’a aussi d’autres types d’espaces médiatiques où il y a des représentations politiques. C’est un exemple de l’amplitude du concept de « médias » puis de l’étude et de la réflexion sur la médiatisation de la politique. Aussi, quand on parle d’impact des médias sur la politique, on peut aussi bien englober l’impact sur les citoyens et les citoyennes, que l’impact sur les candidats et candidates, les élus, les élues et le personnel autour d’eux qui font de la politique, ainsi que l’impact sur les organisations comme les partis. Je pense que le premier chapitre de l’ouvrage, que signe Éric Montigny[1], est un bon exemple de ça : dans son chapitre, il montre comment le développement des médias numériques et des outils numériques utilisés par les partis modifient les relations de pouvoir et d’influence à l’intérieur des partis politiques eux-mêmes. Ces outils numériques, maintenant à la disposition du leadership et de la direction des partis, font en sorte que celles-ci disposent d’une expertise et d’un accès direct aux citoyens et aux citoyennes. Ce qui vient court-circuiter, en quelque sorte, l’influence des candidats, des candidates, des députés, des députées, mais l’influence aussi des militants, et induit une transformation du militantisme au sein des partis politiques. Ce ne sont pas le genre de choses qui viennent à l’esprit de la plupart des gens lorsqu’on leur parle de l’impact des médias sur la politique, mais ça en fait partie. Je pense d’ailleurs que le livre montre l’amplitude de cette question des relations de pouvoir et d’influence entre les médias et la politique.
Q2. D’entrée de jeu, vous mentionnez, en empruntant les mots de Thomas Mulcair[2], qu’il existe maintenant une forme de prééminence des dictats des médias sociaux dans l’espace social communicationnel, produisant une accélération des jeux politiques réguliers. Est-ce que la communauté scientifique et la recherche sont capables d’emboîter le pas à cette vitesse et de suivre le rythme pour faire évoluer nos connaissances ? Comment l’évolution du contexte social de la médiatisation de la politique fait elle évoluer le contexte de son étude par la science ?
FB : Je pense que la recherche est toujours un peu en décalage par rapport aux pratiques dans l’espace social. J’ose croire qu’on arrive à suivre cette évolution sans que ledit décalage ne soit trop important. Lorsqu’on parle d’évolution rapide dans les pratiques de consommation médiatique, je pense que le contact avec nos étudiants aide beaucoup, parce qu’ils adoptent plus rapidement que leurs aînés les nouvelles technologies. Pour ce qui est de l’évolution des pratiques dans les milieux politiques par les acteurs et les actrices politiques, les personnes qui font de la recherche ethnographique et qui observent directement ce qui se passe dans ces milieux-là sont probablement parmi les premiers membres de la communauté des chercheurEs à signaler ces évolutions. Mais c’est certain qu’il y a toujours un certain décalage entre les deux et je pense surtout que la responsabilité ou la contribution des chercheurEs est de situer ces évolutions sur un temps plus long. Il existe un biais dans le discours populaire, puis aussi un peu chez les étudiants et les étudiantes, à penser que la dernière innovation technique vient tout changer : « tout ce qui existait avant ne tient plus la route » ! Mais on constate généralement que les changements sont beaucoup plus incrémentaux et qu’à travers ceux-ci les mêmes questions de recherche, ou les mêmes enjeux sociaux, reviennent et s’actualisent à travers des contextes, des techniques et des espaces communicationnels qui sont un peu différents, en évolution, mais qui demeurent sensiblement les mêmes sur un intervalle long.
ML : Je dirais effectivement que les chercheurEs ne peuvent pas avoir des résultats que l’on voudrait probants sans valoriser une perspective qui n’est pas impressionniste (avoir un maximum de données, avoir la capacité de les traiter, répondre à des questions de recherche précises). On le voit dans notre livre : la majeure partie des chercheurEs ont intégré une perspective où la médiatisation tient compte du modèle hybride, comme l’envisage Chadwick[3], où les médias socionumériques et les médias traditionnels s’enchevêtrent et ne sont pas deux choses différentes. Donc on tient compte du fait que, maintenant, on s’informe à travers les plateformes : les médias traditionnels ont des prolongements. Par exemple, on a des plateformes audios sur nos téléphones : ce n’est plus des radios ! Les outils changent, mais on essaie d’étudier au maximum ces transformations. Et si on revient au concept de médiatisation : celui-ci permet d’étudier les transformations et de porter un regard, comme le disait Frédérick, sur la durée et d’avoir des points de comparaison; ce qui se passait sur Twitter; ce qui se passe sur Facebook; ce qui se passe maintenant sur Instagram; voir ce qui va être récurrent ou pas. Sans non plus tomber dans une apologie des médias socionumériques : on les utilise comme des objets où il y a des actions politiques. C’est ça qui nous intéresse : les discours, les publics, les interactions, les relations diverses, les relations de pouvoirs, les collaborations, dans certains cas.
Q3. Nous l’avons dit, l’évolution de l’espace social est caractérisée par la virtualité et la rapidité des échanges qui s’y tiennent[4]. Constitue-t-elle un reflet tangible de la transformation de la citoyenneté, de ses différents acteurs et différentes actrices (incluant les citoyennes et les citoyens) et de leurs relations ? Ou est-elle plutôt l’écho d’une bulle réservée aux élites (acteurs et actrices politiques et médias) déconnectées de la population et obéissant à leurs règles ?
ML : C’est un peu des deux ! C’est-à-dire que les citoyens et les citoyennes voient leur rôle différemment maintenant qu’on a accès à toute une série d’informations. Je pense qu’on est plus conscients et conscientes de ce qui se passe dans le monde parce que l’on a accès à une variété d’informations. Ça n’empêche pas qu’il existe des gens qui vont aimer n’entendre que les discours qu’ils préfèrent. Par ailleurs, les élites vont vouloir garder leur pouvoir et utiliser ces médias socionumériques, tel que démontré dans plusieurs travaux, de manière plus rigide, en contrôlant le message et en ne laissant pas la place aux citoyens et aux citoyennes. Les partis, qui cherchent à exercer une influence, vont s’emparer aussi des médias socionumériques pour essayer d’avoir une voix. Par exemple, que ce soit la Coalition Avenir Québec (CAQ) à ses débuts, Option Nationale (ON), Québec Solidaire (QS) ou le Nouveau Parti Démocratique (NPD), ces partis se sont lancés dans ces choses-là parce que ça coûte peu d’argent, aussi parce qu’on n’est pas encore régis par des lois électorales sur ces plateformes-là. Donc, il n’est pas nécessaire d’opposer l’un et l’autre : les gens qui travaillent dans les ministères et ceux qui travaillent avec les politiciens et les politiciennes sont très sensibles à ce qui se passe sur les réseaux et, parfois à tort, accordent trop de place à ce qui se passe dans la foulée de certains commentaires par rapport à la réalité. On le voit avec le projet de troisième lien, lorsque le premier ministre Legault disait « Ah, mais les gens sont d’accord avec ça sur ma page Facebook ! », négligeant le fait qu’il est normal que ces gens soient plutôt d’accord avec ses idées s’ils le suivent sur Facebook ! Avec les formations qu’on offre, on veut outiller les gens qui travaillent avec les politiciens et les politiciennes, dans les ministères ou dans les OBNL à être des citoyens utilisateurs et des citoyennes utilisatrices de ces plateformes-là de façon intéressante, éthique et responsable.
FB : La virtualité ou la numérisation des échanges est certainement bien réelle chez les élites, mais ne leur est pas réservée. Un exemple de ça, dans le livre, se trouve au dernier chapitre que Fenwick McKelvey, Mireille Lalancette, Saskia Kowalchuk et Simon Fitzbay[5] ont fait sur les mèmes politiques. Ils font une illustration de la manière dont certains citoyens et certaines citoyennes s’emparent des technologies numériques pour s’engager dans le discours politique et dans l’espace publique d’une manière qui est inédite, à travers une forme de communication qui n’existait pas avant le développement des médias socionumériques. Mais cette appropriation-là du numérique et de la virtualité par les citoyens et les citoyennes se fait à des vitesses très variables. On a un autre chapitre de Shelly Boulianne et Thomas Galipeau[6] qui porte sur les inégalités et les enjeux de l’engagement numérique des citoyens : certains sont très agiles avec les technologies numériques, alors qu’il y en a d’autres pour qui l’accès et l’utilisation est très difficile. Une des préoccupations que l’on peut avoir est de savoir dans quelle mesure est-ce que la concentration de la communication publique sur les médias numériques accentue une fracture numérique et crée un nouveau phénomène d’exclusion des citoyens et des citoyennes qui ont plus de difficulté qu’autrefois à accéder à des informations dont ils ont besoin pour accomplir des tâches qu’ils et elles étaient précédemment capables de faire.
FB & ML : Que ce soit pour s’informer, pour participer ou pour communiquer avec les gouvernants et les gouvernantes, avec l’administration publique, s’inscrire sur la liste électorale ou faire leurs impôts… Même pour le Portail ClicSanté[7] : il faut avoir accès à un ordinateur, il faut comprendre comment ça marche, il faut avoir une littératie numérique… Même nous, qui sommes scolarisés, qui savons lire et écrire, on se retrouve devant ça et on ne comprend pas. Quelqu’un qui ne connaît pas ça, qui redoute les ordinateurs, qui n’est pas assez lettré pour comprendre, c’est sûr que ça crée des enjeux politiques graves.
Q4. Aujourd’hui, quelles sont les valeurs dominantes dans l’espace social du Québec et du Canada réunissant les acteurs politiques ainsi que celles et ceux qui médiatisent les débats politiques ?
FB : Mon impression est que si l’on parle à des acteurs et des actrices politiques ou à des journalistes et qu’on les interroge sur les valeurs qui président soit à leur engagement politique ou soit à leur profession de journaliste, j’ai l’impression que la plupart d’entre eux et elles vont répondre en exprimant des valeurs qui sont liées au service public, voire servir la communauté et l’intérêt public. Très peu d’entre eux ou elles vont estimer être venuEs en politique pour gagner « la bataille de l’agenda » à chaque journée de la campagne ou à chaque journée de la session parlementaire. Autant les éluEs que les journalistes évoluent dans un système social assorti d’un ensemble de contraintes qui limitent, en quelque sorte, l’impact que ces valeurs peuvent avoir sur leurs comportements. Si vous êtes en campagne, peut-être faut-il justement gagner la bataille de l’agenda à la fin de la journée. Si vous êtes journaliste, il faut peut-être recueillir un contenu qui va correspondre à l’idée qu’on se fait de ce qu’est une nouvelle intéressante, à la fin de la journée. Mais on n’a pas de chapitre qui aborde comment l’importance accordée aux valeurs, que l’on pourrait qualifier de « valeurs médiatiques » ou de valeurs liées aux médias, se compare à d’autres types de valeurs chez les éluEs ou chez les journalistes.
ML : J’ai envie de parler des valeurs de notre groupe et des valeurs des chercheurEs ! C’est-à-dire qu’on a eu l’idée d’un livre qui couvrait l’ensemble de la programmation du Groupe de recherche en communication politique (GRCP), d’un livre-bilan à l’aune de ces nombreuses années de programmation (qui représentent trois ou quatre cycles, donc une dizaine d’années) permettant d’offrir un portrait de ce qu’on a réussi à faire. Dans ce livre, on retrouve à la fois beaucoup de rigueur, beaucoup de capacité à théoriser, de capacité à utiliser des données empiriques qualitatives et quantitatives pour répondre à des questions de recherche, ainsi que beaucoup de plaisir à travailler entre nous, à faire de la recherche sérieuse, mais avec beaucoup de plaisir, en intégrant notamment les étudiants-chercheurs et les étudiantes-chercheures, dont plusieurs sont maintenant des professeurEs d’université (par exemple, Virginie Hébert, Carol-Ann Rouillard ou Emmanuel Choquette et plusieurs autres). Donc, dans ce livre, on retrouve aussi ce désir de transmettre, juxtaposé à notre bilan des dix dernières années et nos ambitions pour celles qui sont à venir. Cela, en lien avec une programmation de recherche qui est riche et qui vise à offrir une contribution scientifique, autant en français qu’en anglais, autant au Québec qu’au Canada. Ce qui est intéressant dans cette question, c’est qu’on n’est en partie pas en mesure d’y répondre et ça rejoint ce que l’on a fait dans le livre. C’est-à-dire que, pour nous, pour offrir des réponses intéressantes, il faut avoir d’abord fait des études empiriques. On ne peut pas juste offrir des réponses avec une perspective impressionniste, sur un sentiment, sur une impression, en surfant sur la vague. Quand on fait des interventions médiatiques, à chaque fois, on répond avec des idées tirées des recherches qu’on a faites, avec des données probantes.
FB : Je pense que c’est une manière, pour des chercheurEs universitaires, de se distinguer d’autres communicateurs et d’autres communicatrices qui commentent quotidiennement l’actualité politique et qui, par le rythme auquel ils et elles ont à commenter l’actualité, par l’étendue des sujets à propos desquels on sollicite leurs commentaires, sont souvent contraintEs de s’exprimer sur la base de leurs impressions plus que sur la base de faits qui sont vérifiés.
ML : C’est pourquoi nous manifestons une réserve face à cette question, parce que l’on ne peut pas se projeter dans un avenir si on n’en a pas fait l’analyse rigoureuse.
Q5. Selon les observations de nombre de politologues qui recueillent des données d’opinion publique, la montée d’un certain cynisme à travers les démocraties du monde ne fait plus de doute[8]. La complexité des codes communicationnels auxquels les acteurs politiques doivent se conformer pour remporter leur part de considération auprès de leurs cibles électorales[9] ne contribue-t-elle pas à aggraver cette dynamique ?
ML : On voit un déclin des affiliations partisanes. On voit une forme de cynisme envers les acteurs et les actrices politiques qui, en partie, dans certains cas, est alimenté par ces propres acteurs et actrices-là (qu’il s’agisse de Donald Trump ou des autres). Je dirais aussi que l’on voit un déclin d’un certain type de parti : les partis attrape-tout[10], qui voulaient rejoindre tout le monde, se transforment en des partis qui visent un seuil suffisant[11], où l’on va cibler toute une série de populations dans le but d’avoir juste assez de votes pour être au pouvoir. Ça peut alimenter le cynisme de la population quand on voit un parti, comme le Parti Québécois (PQ), qui visait à offrir un projet de société et qui, dans une certaine élection, offrait la promesse de faire le lunch des enfants en âge scolaire. Il s’agit d’une promesse à la pièce, qui n’est pas reliée à un programme politique, qui cible précisément les parents qui en ont marre de faire le lunch et qui pourraient voter pour le PQ à case de cette promesse. Donc c’est sûr qu’il y a une transformation des partis politiques; y’a une transformation de la manière dont on va essayer d’aller chercher les électeurs et les électrices, en même temps qu’une transformation des attentes des citoyens et des citoyennes face aux partis dans ce contexte-là.
FB : La question me fait penser à un autre livre que j’avais publié il y a quelques années, inspiré en grande partie de mes recherches doctorales, qui s’appelait Tout le monde en regarde[12]. La question sur la complexité des codes communicationnels auxquels les acteurs et les actrices politiques doivent se conformer pour rejoindre les citoyens et citoyennes (ou certaines catégories de ceux-ci et celles-ci) me fait beaucoup penser à ce que vivent certains acteurs et certaines actrices politiques, surtout des leaders, lorsqu’ils et elles sont conviéEs à participer à des émissions d’infodivertissement (comme Tout le monde en parle). Souvent, ces acteurs et actrices politiques sont a priori mieux préparéEs à répondre à des questions de journalistes dans des émissions d’affaires publiques dans un cadre assez formel. Et là, leurs conseillers ou leurs conseillères en communication leur disent « Ce serait bien que tu ailles à Tout le monde en parle ! » ou « Ce serait bien que tu ailles au talk show de Julie Snyder. » où les codes communicationnels ne sont plus les mêmes : il faut être sympathique, il faut être convivial, il faut être capable d’un certain sens de l’humour, de l’autodérision… On sera peut-être sur le plateau en même temps que des invitéEs qui vont parler de sujets que l’on ne maîtrise peut-être un peu moins, qui ont des référents culturels différents, davantage tirés de la culture populaire. Et si on n’est pas en phase avec ces thèmes, ces repères-là, on va apparaître un peu en décalage. Et donc, pour revenir à la question du cynisme, il est tentant de dire que le fait que des politiciens ou des politiciennes participent à ce genre de tribune médiatique n’est pas digne de leurs fonctions : y’a une forme d’abaissement là-dedans. C’est une critique que l’on entend sur cette pratique communicationnelle-là qui consiste à investir des espaces qui sont plus associés au divertissement qu’à l’information ou aux affaires publiques et que c’est le genre de pratique communicationnelle qui alimenterait un certain cynisme. Mais la recherche empirique sur les effets de ce genre de communication montre des résultats assez contrastés. C’est-à-dire que tous les citoyens et toutes les citoyennes ne perçoivent pas un même phénomène communicationnel de la même manière. Par exemple, il y a une étude[13] faite en Europe qui examinait de quelle manière les citoyens et les citoyennes réagissent aux entrevues politiques qui ont lieu dans les émissions de divertissement et qui a constaté que l’impact sur le cynisme était différent selon leur niveau de politisation. Les citoyens et les citoyennes les plus politiséEs réagissent négativement : ils et elles se disent « C’est une forme d’abaissement. » et ça alimente leur cynisme envers la politique. Les citoyens et les citoyennes moins politiséEs y voient un mode de communication politique qui leur est plus accessible : ils et elles ont l’impression de mieux comprendre la politique, parce que ce sont des émissions dans lesquelles, parlant d’un enjeu politique, on n’en parlera pas de la même manière qu’au téléjournal. On va peut-être en parler d’une manière qui va donner plus de clés d’interprétation à un citoyen ou à une citoyenne qui est peu politiséE. Et cette personne-là a l’impression qu’on s’adresse davantage à elle et qu’elle est davantage capable de comprendre un enjeu qui, a priori, lui paraissait au-delà de sa capacité de comprendre une réalité politique. Donc, oui, la diversité des codes communicationnels auxquels les acteurs et les actrices politiques doivent se conformer peut, dans certains cas, alimenter du cynisme, mais probablement pas chez tout le monde.
Q6. Le modèle de partage du marché de l’information qui a cours au Canada a été largement discuté durant les dernières années sur la scène publique par les médias eux-mêmes, les journalistes, les acteurs et les actrices politiques et les intervenantEs privéEs. Le Parlement du Canada a par ailleurs adopté en 2023 la Loi C-18 sur le partage des revenus des géants du Web, une législation vivement dénoncée puis contournée par le groupe Meta[14]. Sommes-nous dans une impasse quant à l’évolution de la médiatisation de l’information politique au Canada ? Le privé a-t-il toujours sa place au sein de l’échiquier médiatique, jalon important de notre démocratie libérale ? La poursuite d’intérêts privés sur la scène informationnelle est-elle toujours compatible avec l’évolution de notre système démocratique ?
FB : Dans la plupart des États démocratiques, le secteur privé est un intervenant majeur dans l’industrie des médias. Cette tendance nous donne à penser qu’elle est forte et qu’elle ne se renversera pas dans un avenir prévisible. Donc, ce que l’on observe depuis plusieurs années, c’est que ce modèle médiatique fondé en grande partie sur la propriété privée pose des limites et des enjeux en termes de communication et de médiatisation de la vie politique. Bien avant l’apparition d’Internet et des médias sociaux, il y avait déjà un discours très critique envers la manière dont les médias privés représentent la politique. Notamment, la place qu’ils font aux sujets politiques dans l’ensemble de la couverture qu’ils font aux sujets de l’actualité. Au Canada, pendant longtemps -et c’est sans doute encore le cas aujourd’hui, dans une certaine mesure- on constatait que les radiodiffuseurs privés, dans leurs émissions d’information, consacraient moins de temps aux sujets politiques que le radiodiffuseur public. Donc, ces enjeux-là sont anciens. Ils sont plus saillants aujourd’hui avec les transformations comme celles évoquées dans la question et je ne pense pas qu’ils remettent en cause la place du secteur privé, mais ces problèmes posent la question de l’intervention de l’État pour encadrer le secteur privé, ainsi que combler certaines de ses carences. Ce que l’on voit au Canada et dans d’autres pays, c’est que les gouvernements sont en train d’établir s’il y a lieu d’intervenir. Et si oui, de quelle manière est-il approprié d’intervenir. Il y a des réponses, en termes de politiques publiques, qui se dessinent, qui se développent, qui se mettent en œuvre, avec plus ou moins de succès, comme on l’a vu dans la dernière année au Canada avec la Loi C-18. Et je pense qu’on en a encore pour quelques années à assister à cette phase d’expérimentation durant laquelle les acteurs gouvernementaux évaluent de quelle manière se positionner et intervenir pour concilier les intérêts corporatifs et commerciaux des entreprises privées avec l’intérêt public qui nécessite une diffusion de l’information pour que la démocratie puisse fonctionner.
ML : Rappelons aussi que, autant certains médias que les plateformes de médias socionumériques, sont utilisées par les politiciens et les politiciennes mais n’ont pas été créées pour eux et elles. Les politiciens et les politiciennes s’en sont emparés parce qu’ils ont vu que les citoyens et les citoyennes y étaient. Mais il reste que ce sont des plateformes qui sont là pour faire des profits. Autant, les médias traditionnels privés visent à faire des profits. Rappelons que le but culturel supérieur n’est pas nécessairement présent dans ce contexte. On le voit avec Meta qui avait assujetti tous les médias traditionnels à aller sur ces plateformes-là et, à partir du moment où ils sont contraints par une loi, bloquent les médias traditionnels qui, eux-mêmes, s’étaient servis de ces médias-là pour continuer à diffuser leurs informations.
Q7. Existe-t-il encore une place dans l’espace politique du Québec ou du Canada pour les petits joueurs et les petites joueuses de la politique qui n’ont pas recours ou ne peuvent pas recourir aux professionnelLEs de la médiatisation pour préparer leurs messages, porter leurs enjeux ou faire avancer leurs priorités ? Quel avenir pour les acteurs et actrices de moindre envergure du jeu politique ?
ML : L’utilisation des médias socionumériques est incontournable. Donc, si les joueurs et les joueuses politiques ne font pas appel à des professionnels, ils et elles font appel à des bénévoles ou à des gens qui ont des connaissances pour essayer d’occuper cette place-là. Parce que cette place-là doit être occupée. C’est sûr que Justin Trudeau a une équipe qui travaille à faire son image dans les médias socionumériques, à « passer son message ». Mais un conseiller municipal ou une conseillère municipale doit aussi essayer d’avoir une présence sur ces plateformes-là, en fonction de son public, bien entendu. Il reste que l’on veut communiquer avec les citoyens et les citoyennes, alors que ces derniers et ces dernières sont sur ces plateformes-là. Selon les données récentes du Digital 2024 Global Overview Report, 81,9% de la population canadienne fréquente un média socionumérique[15]. Donc, on ne peut pas ignorer cette population et penser qu’on va juste écrire dans Le Devoir et que les gens vont nous écouter.
FB : Je pense que l’impact sur les petits joueurs et les petites joueuses dépend de qui sont les personnes dont on parle. Si par « petits joueurs » et « petites joueuses » on entend les petits partis politiques, je pense que le développement de la médiatisation de la politique n’a pas une très grande incidence sur leur capacité à percer. Dans le sens où, quand Internet est arrivé durant les années 90, on a cru que ce pourrait être un outil de communication très utile pour les petits partis politiques qui ont plus de difficultés à obtenir l’attention des grands médias d’information. Cette hypothèse comporte aujourd’hui des appuis assez mitigés : je pense que, pour les petits partis politiques, ce qui est le plus embêtant, ce sont des facteurs institutionnels comme le mode de scrutin, les règles sur le financement des partis politiques, les règles sur le fonctionnement des parlements (lorsque ces petits partis parviennent à faire élire des députéEs, mais pas en nombre suffisant pour se prévaloir des ressources qui sont allouées en vertu des règles que se donnent les parlements). Si par « petits joueurs » ou « petites joueuses » de la politique, on parle des députéEs d’arrière-ban : je pense qu’ils et elles sont influencéEs assez négativement par le développement des outils de la médiatisation de la politique. Et plus largement par la professionnalisation de la communication politique et du développement du marketing politique, qui est très concomitant à cette médiatisation de la politique, parce que les députéEs d’arrière-ban sont, moins qu’auparavant, les courroies de transmission ou les voies de communication par lesquelles le leadership des partis parvient à savoir qu’est-ce qu’on pense dans les circonscriptions et qu’est-ce qui se dit sur le terrain. Les technologies numériques donnent au leadership des partis les moyens de savoir, de manière relativement précise, ce que les gens pensent. Donc le député n’est plus le médiateur ou la députée n’est plus la médiatrice qu’il ou elle était autrefois entre les gens de sa circonscription et les gouvernants. Mais si, par « petits joueurs » et « petites joueuses » de la politique, on parle de ceux et celles qui sont en politique municipale, et en particulier celle qui se fait en-dehors des grandes villes, une grosse partie de tout ce qu’on vient de dire depuis le début de l’entrevue et de ce qui se trouve dans le livre n’a à peu près pas de pertinence pour ces personnes-là : y’a pas de médias d’information ! Ils et elles ne sont pas couvertEs par les médias d’information. Si, par la médiatisation de la politique, on pense aux technologies numériques et aux médias sociaux, ce sont des outils qui peuvent permettre à ces petits joueurs et à ces petites joueuses de communiquer avec leurs citoyens et leurs citoyennes. Donc il y a là un bénéfice : ils et elles ont un outil de communication qu’ils et elles n’avaient pas auparavant pour rejoindre les citoyens et les citoyennes de leur ville ou de leur village. Mais si on parle de médiatisation de la politique au sens des médias d’informations : y’en a pas de médias d’information dans les villes en-dehors des grands centres, ou à peu près pas. Donc l’impact pour les petits joueurs et les petites joueuses dépend de qui sont les petits joueurs et les petites joueuses dont on parle : est-ce qu’on parle de ceux et celles qui sont en politique municipale; est-ce qu’on parle de députéEs; ou est-ce qu’on parle de petits partis ?
ML : On pourrait même parler aussi des organisations citoyennes et des groupes d’intérêts qui s’emparent aussi, dans certains cas, des médias socionumériques pour essayer de faire valoir leurs points de vue. Puis, ce que l’on voit aussi, dans la même manière que concernant les partis, c’est qu’il y a une certaine professionnalisation des activités de communication dans le but d’être en mesure de communiquer efficacement. Donc, dans les grandes organisations comme Greenpeace ou Équiterre, ils ont des spécialistes de la communication. Mais si on va dans une plus petite organisation de défense des droits des patients et des patientes, par exemple, souvent ces gens-là vont se tourner vers nous en nous demandant « Pouvez-vous nous aider à comprendre les règles du jeu ? ». Mais ils essaient, dans certains cas, de façon maladroite, de réussir à rejoindre les gens grâce à ces plateformes de médias socionumériques.
Q8. Depuis une ou deux décennies, on assiste progressivement à une prise de conscience de l’importance de certains groupes sociaux qui auparavant étaient marginalisés dans l’espace médiatique politique[16]. Les femmes, les personnes issues de l’immigration, les personnes issues de l’un des trois peuples autochtones reconnus au Canada, de même que les personnes issues de la diversité de genre, sont des exemples d’une pluralité qui s’exprime chaque jour de plus en plus au sein de notre univers politique[17]. Est-ce que les efforts déployés en recherche pour mieux connaître les réalités de ces groupes se traduisent avec substance en résultats authentiques dans la réalité du jeu politico-médiatique auquel ils prennent part ? Quels sont les prochaines grandes étapes à leur agenda dans leur cheminement vers une participation plus inclusive ?
ML : Y’a des chercheurEs qui s’intéressent à ça ! Je suis dans un projet financé par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) avec Joanna Everitt, Angelia Wagner et Karen Lynn Bird qui vise à étudier l’identité en politique, la multiplicité des appartenances, l’intérêt de voter -ou pas- avec une personne qui aurait une identité féminine, une personnalité LGBTQ+, une personne autochtone, une personne racisée ou une personne qui pratique une religion distincte. On essaie de documenter ça : la façon dont ils et elles sont médiatiséEs, la façon dont ces personnes-là vont vouloir porter -ou non- leur identité de l’avant. Ce qui est intéressant, c’est qu’on réalise que les autochtones, par exemple, vont mettre davantage leur identité de l’avant, alors que les gens LGBTQ+ vont avoir tendance à ne pas tant mettre leur réalité de l’avant ou, s’ils le font, vont le faire de façon très militante. Les personnes racisées vont mettre de l’avant leur appartenance au Canada. Donc, il y a toute une série de réponses qui vont s’offrir, dans les prochaines années, en lien avec ça. Moi, je m’intéresse à la partie création de l’image, perception et entrevue. Mes collègues s’intéressent aussi aux liens avec le vote (avec le sondage C-Dem[18] pancanadien; avec la Boussole électorale[19], par une expérimentation pour voir les affinités politiques). Donc on couvre un large spectre ! Les organismes subventionnaires travaillent avec nous pour nous conscientiser à l’importance des enjeux de délits pour éviter que l’on travaille trop en silos. Mais il reste encore beaucoup de travail à faire ! Pour moi, l’excellence inclusive ne passe pas juste par une vision cosmétique où l’on met des enjeux ou des chercheurEs dans un portrait actuel, mais ça passe par la réflexion plus large sur le pipeline qui nous amène ces chercheurEs-là, maintenant. Ça passe par les universités, ça passe par les collègues. Ça passe par tout ça où on va être capable de former des gens qui vont arriver aussi avec une variété d’identités et d’enjeux dans le monde académique pour être en mesure d’étudier ces questions-là avec des backgrounds différents, qui sont les nôtres. Donc, ça n’est pas juste de dire « On a des gens qui viennent d’une variété de perspectives. ». Ce qui est nécessaire, mais en partie cosmétique. Mais ça passe par régler les problèmes avant qu’ils n’arrivent dans les groupes de recherche, pour que l’inclusion soit réelle.
FB : Je pense que le seul chapitre du livre qui touche à cette question-là, c’est celui de Tania Gosselin[20], qui aborde la question de la médiatisation et des stéréotypes de genre. C’est un chapitre dans lequel Tania propose une réflexion sur la mesure dans laquelle la logique de fonctionnement des médias d’information et des médias sociaux entraine des conséquences différentes selon le genre des acteurs et des actrices politiques. On n’a pas de chapitre qui aborde substantiellement des enjeux liés aux minorités racisées, aux autochtones ou aux minorités issues de la diversité sexuelle, et je pense qu’à la petite échelle du Groupe de recherche en communication politique (GRCP), ça reflète l’état de ce qu’a été l’agenda de recherche dans les dix dernières années. Oui, sur la représentation des femmes, on a beaucoup de collègues et d’étudiantEs qui ont fait des travaux là-dessus. Moins par rapport à d’autres groupes minoritaires de la société. Je pense qu’il y a actuellement deux enjeux importants qui se posent par rapport à la capacité des chercheurEs à porter une contribution substantielle sur ces questions-là : un premier qui est lié à savoir qui a la légitimité pour faire des recherches là-dessus. Si je ne suis pas d’une minorité racisée, si je ne suis pas autochtone, si je ne suis pas d’une minorité de genre ou si je ne suis pas affiché ou reconnu comme appartenant à l’une de ces minorités-là, est-ce que je peux légitimement faire de la recherche là-dessus ? C’est un enjeu à propos duquel il y a des débats présentement dans le milieu universitaire. Je pense qu’on est passés d’une situation où il y avait très peu de sensibilisation aux répercussions et aux enjeux liés à la recherche sur des groupes minoritaires par des personnes n’appartenant pas à ces groupes minoritaires, à une situation où les personnes qui ne sont pas de ces groupes minoritaires sont un peu paralysées et se demandent si elles ont la légitimité pour le faire et, si oui, comment. Et probablement que, dans les années qui viennent, y’a probablement des réponses qui vont se développer face à ces dilemmes-là. L’autre enjeu se rapporte à une question beaucoup plus fondamentale qui est : qu’est-ce que la science ? Quelle est la spécificité de la démarche scientifique ? Quelle est la spécificité du discours scientifique ? Parce que certains groupes de chercheurEs, qui se revendiquent d’approche féministe ou d’approche culturelle liée aux autochtones ou aux minorités ethnoculturelles ou de genre, etc., remettent en question le paradigme scientifique du « Comment fait-on de la recherche scientifique ? Quelles sont les bonnes méthodes ? Qu’est-ce qui distingue la recherche scientifique d’autres types de discours qui relèvent davantage de la militance ? ». Cette remise en question de ce qu’est le discours scientifique, cette remise en question de l’objectivité dans le discours scientifique, cette remise en question de la prétention à cerner des faits qu’on observe dans le milieu académique, n’est pas étrangère à des évolutions qu’on observe aussi dans le milieu journalistique où il y a, sensiblement, les mêmes questionnements. Est-ce qu’il y a une objectivité journalistique ? Est-ce qu’il y a des éléments que l’on peut identifier comme étant indiscutablement des faits objectifs ? Est-ce que le journaliste doit s’abstenir de toute démarche militante ? Y’a différentes conceptions dans le journalisme là-dessus et les entreprises de presse et les institutions journalistiques apportent des réponses différentes là-dessus. Donc, c’est intéressant de faire le parallèle, pas juste parce qu’on est des chercheurEs qui s’intéressent, entre autres, au journalisme et aux médias, mais parce que l’institution scientifique et l’institution journalistique sont deux institutions qui, dans notre société, depuis une centaine d’années et un peu plus, ont le mandat d’être des référents de ce qu’est la réalité, d’établir les faits. Et il y a une remise en question des principes qui sont sous-jacents à ces paradigmes-là, que ce soit le paradigme journalistique ou le paradigme scientifique. Donc, je pense que la question de la capacité des chercheurEs à apporter des résultats authentiques substantiels par rapport à la représentation ou la place de la diversité dans les médias est présentement caractérisée par des débats de qui peut faire de la cherche et comment, sur ces questions-là et, aussi, qu’est-ce que la recherche scientifique.
[1] Montigny, Eric, « L’organisation électorale et la transformation interne des partis à l’ère numérique », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique. Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, pp. 21 à 41
[2] Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien, « Introduction », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique. Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, pp. 1 et 2.
[3] Voir : Chadwick, Andrew, The Hybrid Media System: Politics and Power, 2e édition, Oxford University Press, 2017, 368 p. Voir aussi : https://www.andrewchadwick.com/hybrid-media-system
[4] Op. cit.
[5] McKelvey, Fenwick, Lalancette, Mireille, Kowalchuk, Saskia et Simon Fitzbay, « La « mèmification » de la politique canadienne », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique, Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, pp. 311 à 333.
[6]Galipeau, Thomas et Shelley Boulianne, « Médias socionumériques et citoyens », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique, Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, pp. 291 à 309.
[7] Portail d’accès aux services du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec : https://portal3.clicsante.ca/
[8] Guay, Jean-Herman, « Pragmatisme ou cynisme, le duel des géants : une analyse empirique et théorique des déterminants de l’action politique », Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale, vol. 18, no. 2, 2016, https://doi.org/10.4000/ethiquepublique.2857
[9] Raynauld, Vincent et Mireille Lalancette, « Les médias socionumériques et la politique », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique. Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, p. 178
[10] Les partis catch all réuniraient principalement trois caractéristiques dominantes : situés au centre de l’échiquier politique, dispersés idéologiquement et flexibles dans le temps. Mainwaring, Ben & Sean McGraw, « How catchall parties compete ideologically: Beyond party typologies », European Journal of Political Research, no. 58, pp. 676-696, 2019. DOI : 10.1111/1475-6765.12307. Voir aussi Virginie Martin, « Emmanuel Macron, le candidat attrape-tout », The Conversation, 26 janvier 2017, URL : https://theconversation.com/emmanuel-macron-le-candidat-attrape-tout-71751.
[11] Les partis enough sont placés ici en opposition aux partis catch all par Pre Lalancette. Ils sont compris comme des formations politiques qui visent à remporter un seuil minimal de voix pour remporter le pouvoir lors de la tenue d’élections.
[12] Bastien, Frédérick, Tout le monde en regarde ! La politique, le journalisme et l’infodivertissement à télévision québécoise, Presses de l’Université Laval, 2013, 230 p.
[13] Jebril, Nael, Albaek, Erik & Claes H de Vreese, « Infotainment, cynicism and democracy: The effects of privatization vs personalization in the news », European Journal of Communication, vol. 28, no. 2, 2013, pp. 105-121. DOI : 10.1177/0267323112468683.
[14] Marquis, Mélanie, « Adoption du projet de loi C-18 : « Aucune compagnie n’est au-dessus de la loi » », La Presse, 27 juin 2023, URL : https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2023-06-27/adoption-du-projet-de-loi-c-18/aucune-compagnie-n-est-au-dessus-de-la-loi.php
[15] Kemp, Simon, Digital 2024: Canada, Digital 2024 Global Overview Report, 22 février 2024, URL https://datareportal.com/reports/digital-2024-canada, [Page consultée le 2024-06-01].
[16] Raynauld, Vincent, Richez, Emmanuelle et Stéphanie Wojcik, « Les groupes minoritaires et/ou marginalisés à l’ère numérique », Terminal. Technologie de l’information, culture et société, no. 127, 2020, https://doi.org/10.4000/terminal.5656
[17] Gouvernement du Canada, « Inclusion des personnes marginalisées », Canada, 5 juin 2017, URL https://www.international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/human_rights-droits_homme/inclusion.aspx?lang=fra
[18] Consortium de la démocratie électorale (C-Dem) [https://c-dem.ca/fr/1360-2/] : réseau de chercheurEs collaborant à travers le Canada pour coordonner l’Étude électorale canadienne, partager des données, diffuser les connaissances et former des spécialistes en enquêtes d’opinion.
[19] Boussole électorale [https://boussoleelectorale.com/] : un outil en ligne montrant comment les opinions politiques d’une personne s’agencent avec celles des candidatEs d’une élection.
[20] Gosselin, Tania, « La médiatisation et les stéréotypes de genre », dans Lalancette, Mireille et Frédérick Bastien (dir.), Médiatisation de la politique. Logiques et pratiques, Presses de l’Université du Québec, 2024, pp. 201 à 220
