Perspectives d'avenir sur la publication scientifique francophone avec Pre Sule Tomkinson

Les défis de la publication scientifique dans l’écosystème québécois et francophone : entrevue avec Pre Sule Tomkinson, nouvelle directrice scientifique de Politique & Sociétés

Reportage-résumé suivi du verbatim original de l’entrevue

Par Christopher Beaulieu, coordonnateur du GRCP

Le Groupe de recherche en communication politique (GRCP) réunit une communauté de près d’une cinquantaine de chercheuses et de chercheurs et d’un peu plus de soixante-dix étudiantes et étudiants des 2e et 3e cycles universitaires en recherche qui se consacrent à l’étude de la communication politique. La publication des résultats de leurs travaux est une étape fondamentale dans la progression rigoureuse vers l’appropriation et la diffusion des nouveaux savoirs par la communauté scientifique et la société. Pre Sule Tomkinson est maintenant activement investie dans cette dynamique en raison de ses nouvelles responsabilités à titre de directrice scientifique de la revue Politique & Sociétés, qui publie depuis 42 ans au cœur de la francophonie, en science politique. À celle qui est d’abord professeure à l’Université Laval, nous avons posé quelques questions sur sa vision de la situation qui concerne la publication scientifique en français à l’aube de 2025 et nous avons demandé de nous partager certaines de ses ambitions pour la revue qu’elle dirige.

D’entrée de jeu, Sule Tomkinson souligne l’importance de Politique & Sociétés pour le Québec et toute la francophonie. Se voulant d’abord un outil de diffusion au service des politologues du Québec, la revue attire maintenant nombre de manuscrits issus de la France et de l’Afrique francophone. Et même, ajoute-t-elle, « […] la majorité de nos lectrices et de nos lecteurs vient de l’extérieur du Canada. Je dirais que presque 70% des gens qui consultent la revue en ligne, sur les plateformes et autres outils, viennent d’ailleurs. » En se tournant vers l’avenir, cette réalité pose d’ailleurs l’enjeu de se demander comment alimenter la spécificité particulière pour la réalité québécoise tout en maintenant une ouverture toujours grandissante et pertinente pour le reste de la planète.

[…] les enjeux concernant la spécificité du Québec au Canada dominent : le Québec comme une nation fragile et les enjeux constitutionnels, c’est important ! De même que les enjeux liés aux comportements politiques du Québec au sein du Canada aussi !, dit-elle.

Mais des sujets plus récents captivent aussi les autrices et les auteurs qui s’intéressent à Politique & Sociétés : comme l’inclusion de l’islam au Québec ou l’évolution des fondements de justice sociale au sein de nos institutions politiques.

L’accès à ces sujets via les manuscrits qui les abordent en français représente toutefois une question majeure. C’est que l’écosystème mondial de la publication scientifique est en transformation et Sule Tomkinson ne veut certes pas que Politique & Sociétés manque à cette évolution en s’assurant notamment que les organismes subventionnaires financent désormais la publication de sa revue en libre accès. Ainsi, les autrices et les auteurs n’auraient plus de gène à diffuser leurs travaux en dépendant des coûteux abonnements auxquels doivent souscrire les grandes bibliothèques institutionnelles.

Fière néo-québécoise issue de l’immigration turque, Pre Tomkinson souligne son attachement à sa nouvelle société : elle souhaite s’y enrichir et y contribuer en assumant un rôle plus important au sein de sa communauté professionnelle. La direction de Politique & Sociétés est alors une opportunité remarquable pour contribuer à valoriser à la fois l’édition scientifique au Québec et la diffusion des savoirs en français.

Une autre motivation pour moi, afin de porter ma candidature pour ce travail à la direction de la revue Politique & Sociétés, était de m’impliquer davantage au sein de la science politique québécoise, en tant que personne immigrante, en tant que personne qui vient d’ailleurs, en tant que chercheuse dont le français constitue la troisième langue parlée et écrite. Pour moi, c’était une façon de m’intégrer pleinement à cette communauté et aussi signaler à de nouvelles chercheuses et à de nouveaux chercheurs qui viennent d’ailleurs : « Oui ! On est une communauté qui est inclusive ! », s’exprime-t-elle à ce propos.

Nous avons justement voulu profiter de l’identité de notre interlocutrice, riche de plusieurs cultures, pour lui demander son point de vue sur l’avantage d’appuyer en 2025 la publication en français dans l’univers scientifique canadien et international. Tout dépend de la communauté académique à laquelle est destinée la publication, répond la directrice avec nuance.

[…] les chercheuses et les chercheurs peuvent toujours publier les recherches qui sont complétées dans de grandes revues internationales de langue anglaise. Mais ceci peut leur permettre de communiquer avec une communauté différente. Dans le sens qu’ils peuvent essayer d’utiliser des théories et des approches qui viennent d’ailleurs, étudier la société québécoise et les enjeux politiques québécois et faire rayonner ces recherches de cette façon. D’un autre côté, on peut diffuser nos recherches par l’entremise de revues québécoises pour communiquer entre nous, explique-t-elle.

Mais hélas, la publication en français et pour la communauté scientifique québécoise comporte ses désavantages, propose-t-elle avec plus d’assurance. C’est que les chercheuses et les chercheurs anglophones, même au Canada, auraient tendance à négliger les textes diffusés en français. Appartenant pourtant à un pays porte-étendard d’un idéal de bilinguisme soutenu par deux communautés linguistiques et culturelles majoritaires, la communauté des politologues anglophones d’ici s’intéresserait tout de même bien peu à la publication scientifique francophone et en outre aux manuscrits des autrices et des auteurs francophones lorsqu’ils paraissent en anglais. Cette injuste disparité, déjà décrite avec rigueur par la science[1], fait d’ailleurs réagir vertement notre invitée. « C’est très décevant parce que l’on discutait de ces enjeux-là quand j’ai commencé mon doctorat en 2010. Presque quinze années après, voir qu’il n’y a pas de changement, pas de prise de conscience de cet enjeu-là, c’est extrêmement décevant. », dit-elle franchement.

Mais en définitive, malgré les défis d’accès aux publications, il serait tout de même moins difficile de publier en français en 2024 qu’auparavant, pense Sule Tomkinson. Toujours de façon préférentielle sur les problématiques sociales, d’ailleurs. « La revue a toujours publié en donnant un espace à des enjeux liés à des mouvements sociaux, à la participation politique et à la participation publique. Et nous continuons de recevoir des propositions qui concernent ces enjeux. », conclut-elle.

Propos recueillis le 31 octobre 2024.

 

Verbatim original de l’entrevue.

  1. C.B. Une leader ou un leader arrive souvent en place avec un plan clair de sa vision pour le développement de son organisation. D’entrée de jeu, est-ce que vous avez envie de nous parler de l’intuition qui vous porte concernant la revue Politique & Sociétés ?

S.T. Je suis devenue la directrice de Politique & Sociétés parce qu’il n’y avait personne qui voulait le faire, en fait, après le départ de Pre Laurence Bherer (Université de Montréal). C’est un travail très important, non seulement pour la Société québécoise de science politique (SQSP), pour notre communauté au sein du Québec, mais aussi plus globalement, au sein de la francophonie. 

Ce qui est très intéressant et que j’ai appris depuis que je suis devenue la directrice de Politique & Sociétés, c’est que la majorité de nos lectrices et de nos lecteurs vient de l’extérieur du Canada. Je dirais que presque 70% des gens qui consultent la revue en ligne, sur les plateformes et autres outils, viennent d’ailleurs. Ça a aussi un impact sur les manuscrits que nous recevons. Il y a quelques décennies, la revue Politique & Sociétés portait plus exclusivement sur les enjeux québécois, mais maintenant ce n’est plus le cas. Nous recevons beaucoup de manuscrits qui portent sur différents enjeux politiques, mais qui se concentrent aussi sur des régions différentes du Québec. Par exemple, nous recevons beaucoup d’articles qui portent sur l’Afrique francophone. Alors, la question se pose : comment maintenir notre valeur distincte pour étudier, comprendre et continuer à réfléchir la société québécoise et ses enjeux politiques propres, mais également continuer cette ouverture à l’égard du monde ?

Le premier aspect que j’avais en tête, lorsque j’ai décidé de porter ma candidature en tant que directrice dans le monde de l’édition scientifique, c’est un aspect qui n’est pas nouveau et qui émerge depuis plusieurs années : c’est le processus de transformation de l’édition scientifique en libre-accès complet. C’est un énorme défi pour les revues et pour les organismes subventionnaires qui nous offrent des fonds pour fonctionner et publier les recherches. En ce sens, j’ai voulu jouer un rôle à travers cette transformation. Nous allons changer de manière significative la diffusion des recherches, en conventions ouvertes.

Normalement, la façon dont fonctionne le processus, ce sont les organismes subventionnaires qui donnent des fonds à des chercheuses et à des chercheurs, lorsqu’elles et ils soumettent des demandes de subventions, pour payer les grands géants, c’est-à-dire les maisons d’édition. Ainsi, leurs articles sont publiés en libre-accès. C’est ce que l’on appelle en anglais « article processing charges ». Et ce que l’écosystème de publication scientifique veut, c’est que sa publication soit accessible. Imaginons une étudiante ou un étudiant de doctorat, par exemple, qui a écrit un excellent article, mais elle ou il n’a pas accès à des fonds pour publier ses recherches de manière ouverte et accessible à tout le monde. On peut éviter ça en s’assurant que ce soient les organismes subventionnaires qui donnent des fonds à des revues pour que ni les autrices, ni les auteurs, ni les lectrices, ni les lecteurs paient pour avoir accès aux recherches de manière ouverte et libre. On est dans ça, à la revue Politique & Sociétés, dans ce processus qui implique beaucoup d’enjeux. Nous avons une équipe professionnelle. Nous avons par exemple un réviseur linguistique et des auxiliaires qui m’épaulent dans le processus d’évaluation des manuscrits. Ainsi, en définitive, je peux mentionner qu’il y a une mouvance de plusieurs enjeux dans laquelle je voulais jouer un rôle à côté de mes collègues au sein de la Société québécoise de science politique (SQSP) et quelques membres du comité de rédaction m’épaulent dans ce processus.

Je suis membre du comité de rédaction de la revue depuis 2017, au tout début de ma carrière en tant que professeure. Auparavant, la revue fonctionnait de manière plus informelle, dans le sens où on a toujours recruté les nouveaux membres du comité de rédaction par le bouche-à-oreille. Ce que je veux faire depuis mon arrivée, c’est ouvrir le processus pour inviter de nouveaux membres à se joindre à nous. Par exemple, on a fait un appel ouvert à des candidatures, ce qui nous as permis d’aller chercher des candidates et des candidats que nous n’aurions pas pu aller chercher autrement. J’ai donc ce désir d’ouvrir le processus institutionnel qui était plutôt fermé.

Une autre motivation pour moi, afin de porter ma candidature pour ce travail à la direction de la revue Politique & Sociétés, était de m’impliquer davantage au sein de la science politique québécoise, en tant que personne immigrante, en tant que personne qui vient d’ailleurs, en tant que chercheuse dont le français constitue la troisième langue parlée et écrite. Pour moi, c’était une façon de m’intégrer pleinement à cette communauté et aussi signaler à de nouvelles chercheuses et à de nouveaux chercheurs qui viennent d’ailleurs : « Oui ! On est une communauté qui est inclusive ! »

 

  1. C.B. Dans ce contexte que vous m’avez décrit, où vous publiez des articles qui concernent l’ensemble de la francophonie, reste-t-il un atout pour la publication québécoise ? Dans l’univers général de la diffusion des savoirs en science politique, quelle est la valeur ajoutée de la contribution québécoise, à proprement dit ?

S.T. C’est une très bonne question, mais il y a plusieurs façons d’y répondre. D’un côté, je fais partie des chercheuses et des chercheurs qui s’intéressent à la société québécoise et qui veulent également diffuser les connaissances au sein de notre société. Si je parle en tant que directrice de la revue, je constate que, bien sûr, les chercheuses et les chercheurs peuvent toujours publier les recherches qui sont complétées dans de grandes revues internationales de langue anglaise. Mais ceci peut leur permettre de communiquer avec une communauté différente. Dans le sens qu’ils peuvent essayer d’utiliser des théories et des approches qui viennent d’ailleurs, étudier la société québécoise et les enjeux politiques québécois et faire rayonner ces recherches de cette façon. D’un autre côté, on peut diffuser nos recherches par l’entremise de revues québécoises pour communiquer entre nous. J’invite toujours les chercheuses et les chercheurs qui veulent publier à se poser quelques questions avant d’envoyer leurs manuscrits -à nous ou ailleurs : quelle est ma communauté académique ? Avec qui je veux parler, dialoguer ou communiquer ? En ce sens, si les chercheuses et les chercheurs veulent communiquer avec leurs pairs qui étudient les phénomènes québécois, notre revue constitue alors l’un des meilleurs endroits pour envoyer leurs articles.

Mais d’un autre côté, en lien avec la science politique québécoise, je peux dire que l’un de nos atouts réside dans nos approches méthodologiques, qui sont assez bien développées. Nous voulons une méthodologie très bien développée, très riche et très concrète. Et, également, la réflexion en pensée politique qui est le fruit d’une réflexion assez profonde.

 

  1. C.B. De façon générale, est-ce que le rayonnement de la publication scientifique en français est sous-estimé ?

S.T. Absolument ! J’en discute régulièrement avec mes collègues qui publient soit en anglais, soit en français. Plusieurs publications récentes de la Revue canadienne de science politique montrent très clairement qu’au sein de la science politique canadienne, les chercheuses et les chercheurs anglophones ont tendance à négliger les recherches qui sont publiées par les francophones, notamment les Québécoises et les Québécois qui publient en français, et ce, même lorsqu’elles et ils publient en anglais. Ça, c’est un désastre !

On entend aussi parler de certains enjeux de manière informelle. Par exemple, un collègue m’a parlé que, dans la liste de lecture pour un examen doctoral synthèse d’une grande université, il n’y avait aucune chercheuse québécoise et aucun chercheur québécois étudiant les enjeux de politique québécoise figurant au répertoire. L’étudiant concerné a demandé au professeur responsable de son séminaire « Pourquoi n’avez-vous pas mentionné une chercheuse ou un chercheur qui étudie les enjeux du Québec ? Ou pourquoi ne pas avoir cité vos propres travaux qui étudient le Québec ? » Le professeur a répondu en disant que si la qualité de leurs recherches avait été excellente, ces recherches auraient été traduites en anglais (!).

C’est très décevant parce que l’on discutait de ces enjeux-là quand j’ai commencé mon doctorat en 2010. Presque quinze années après, voir qu’il n’y a pas de changement, pas de prise de conscience de cet enjeu-là, c’est extrêmement décevant.

 

  1. C.B. Alors, est-il plus difficile ou moins difficile de publier de la science en français en 2024 ?

S.T. C’est moins difficile. En matière de processus d’évaluation scientifique, je ne dirais pas non plus que c’est plus difficile. Y’a certainement une ouverture de la part des directrices et des directeurs de revues; nous assurons énormément de rayonnement et nous invitons des gens en particulier à nous soumettre leurs articles. Mais persiste certainement une pression mise sur les épaules des chercheuses et des chercheurs pour que leurs publications soient en anglais. Et surtout dans des revues internationales.

 

  1. C.B. Existe-t-il des grands sujets dans la littérature québécoise qui semblent dominer ? Est-ce que vous sentez les choses qui évoluent tranquillement vers certains domaines plus saillants de la publication scientifique en politique ?

S.T. Si je réfléchis aux manuscrits que j’ai reçus depuis mon arrivée à la revue Politique & Sociétés, c’est-à-dire au moins soixante-dix, les enjeux concernant la spécificité du Québec au Canada dominent : le Québec comme une nation fragile et les enjeux constitutionnels, c’est important ! De même que les enjeux liés aux comportements politiques du Québec au sein du Canada aussi ! Sinon, des enjeux plus récents, qui étaient peut-être présents hors de la science politique francophone, comme l’islam et l’inclusion au sein du Québec, ou les enjeux de justice sociale au sein de nos institutions politiques.

Je n’ai pas encore reçu de soumissions portant sur des thèmes que je vois être de plus en plus abordés ailleurs : par exemple l’utilisation de l’intelligence artificielle au sein de nos organisations publiques, ou son rôle dans le développement, l’élaboration et la mise en œuvre de politiques publiques.

 

  1. C.B. Existe-t-il des sujets sur lesquels vous souhaiteriez que l’on publie davantage ?

S.T. Tout-à-fait ! Il y a des enjeux qui préoccupent nos institutions politiques en ce moment (le parlement ou les organismes d’encadrement comme la Commission d’accès à l’information du Québec). Mais il y a un décalage entre ce qui se passe sur le terrain, dans l’espace politique et ce que nous publions. Dans ce sens, ce type de réflexion existe, bien sûr, dans les revues juridiques, mais leurs aspects politiques ne sont pas étudiés avec autant de profondeur. Les enjeux dominants chez nous, dans notre ouvrage, sont sociaux. La revue a toujours publié en donnant un espace à des enjeux liés à des mouvements sociaux, à la participation politique et à la participation publique. Et nous continuons de recevoir des propositions qui concernent ces enjeux. Par exemple, je viens de recevoir un article portant sur les mouvements sociaux impliqués dans la grève étudiante de 2012 et le parcours de ses activistes, une décennie après. Donc l’attention des chercheuses et des chercheurs qui publient chez nous pour les mouvements sociaux, ça reste !

 

  1. C.B. Peut-être avez-vous déjà mis la table pour une réponse à la question suivante dans vos réponses à mes premières questions, mais j’ose quand même revenir sur le sujet que je trouve passionnant, même étonnant. Vous m’expliquiez qu’une grande part de la publication de la revue Politique & Sociétés n’est maintenant pas issue du Québec. Est-ce que vous trouvez qu’il y a une contribution suffisante des francophones hors Québec à la revue Politique & Sociétés ou est-ce que la diversité de la francophonie pourrait mieux être représentée dans la diffusion des savoirs en français ?

S.T. En fait, soyons clairs : je ne dis pas que le Québec n’est pas assez représenté. Ce que je veux dire, c’est qu’on est beaucoup plus ouverts ! Le rayonnement international s’est étendu beaucoup depuis les deux dernières décennies. En ce sens, c’est un changement assez important. Bien sûr, pour certaines chercheuses et certains chercheurs, comme pour certains enjeux concernant les partis politiques au Québec (les changements ou les transformations du nationalisme québécois, par exemple), nous sommes vraiment la revue phare qui témoigne de l’évolution de ces enjeux-là. Mais la question suivante s’impose alors : qui lit la revue Politique & Sociétés ? Évidemment, les politologues, mais aussi les chercheuses et les chercheurs en sciences sociales qui s’intéressent à la société québécoise nous lisent.

À votre question principale, la réponse n’est cependant pas oui ou non : c’est un processus ! À travers celui-ci, moi à titre de directrice, mais aussi nos chercheuses collaboratrices et nos chercheurs collaborateurs, prenons conscience de différentes façons de faire la science. Par exemple, les soumissions que je reçois ne sont pas les mêmes par leurs styles, leurs explications des méthodes ou leurs présentations des résultats si elles sont en provenance de la France, du Cameroun ou du Québec. C’est un enjeu qui revient régulièrement depuis les tout débuts de ma participation au comité de rédaction de la revue en 2017 : on doit maintenir notre accent sur la société québécoise. Mais, cela dit, on veut quand même s’ouvrir à d’autres réalités ! D’ailleurs, lorsque l’on reçoit des propositions de numéros spéciaux, il faut que les personnes qui les dirigent puissent être en mesure de nous expliquer en quoi leur proposition pourrait valoriser nos connaissances inédites sur la société québécoise ou la science politique globalement. Donc harmoniser cet aspect de spécificité et de généralité de la science politique représente un équilibre que l’on doit constamment paramétrer.

 

C.B. Je vous remercie pour votre temps et votre générosité dans le cadre de votre participation à cette entrevue.


 


[1] Imbeau, Louis M. et Mathieu Ouimet, « Langue de publication et performance en recherche. Publier en français a-t-il un impact sur les performances bibliométriques des chercheurs francophones en science politique ? », Politique & Sociétés, 2012, vol. 31, no. 3, pp. 39 à 65, DOI : 10.7202/1014959ar; Daoust, Jean-François, Alain G. Gagnon et Thomas Galipeau, “Language Matters: The Study of Canadian Politics through an Exploration of Syllabi and Comprehensive Exams”, Canadian Journal of Political Science, 2002, vol. 55, no. 4, pp. 897 à 915, DOI: 10.1017/S0008423922000749

 

 

 

Pour découvrir la revue Politique & Sociétés : https://revuepolitiquesocietes.org/

Pour mieux connaître Pre Sule Tomkinson : https://www.fss.ulaval.ca/notre-faculte/repertoire-du-personnel/sule-tomkinson

 

 

 

 

Photo de la bibliothèque : une gracieuseté de Lubos Houska de Pixabay.

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